La Fondation Sœur Emmanuelle Belgique a remis, le 24 novembre, à Louvain-la-Neuve, un prix à l’association (ASBL) Don Bosco de Ganshoren (Bruxelles) et au collectif Umoya. Ce prix vient soutenir le lancement en janvier prochain d’un projet commun d’accueil de jeunes femmes migrantes entre 18 à 21 ans à l’internat salésien bruxellois.
L’ASBL Don Bosco et le Collectif Umoya se sont rencontrés grâce à Marion(1) qui, arrivée de Guinée à Bruxelles, est passée par trois centres d’accueil entre ses 14 et ses 18 ans. Et puis elle a atteint la majorité…. Et le vide total lui est tombé dessus. Une amie de la communauté des sœurs salésiennes a accueilli cette jeune chez elle un certain temps. Un jour, à cause de problèmes de santé, elle nous a demandé de la placer chez nous en payant sa pension. Marion est arrivée à l’internat Don Bosco à bout de force, se demandant si cela valait la peine de se battre. Mais petit à petit, entre la présence des personnes bienveillantes, l’accompagnement par l’internat et le collectif Umoya, et les relations avec les autres étudiants du kot, elle a repris goût à la vie. Aujourd’hui, Marion poursuit ses études d’infirmière, elle arbore un beau sourire quand on la croise dans les couloirs et rêve d’un futur heureux.
Ces rencontres successives nous ont tous fait faire du chemin. De notre regard lointain sur la cause des migrants en Belgique, avec tous les enjeux politiques et les peurs environnantes, nous sommes tout d’un coup devenus partie prenante pour accompagner une jeune femme que nous avons appris à aimer. C’est le fondement de ce projet : amener les personnes et notamment les jeunes, à se rencontrer dans une vie de groupe à l’internat. Les objectifs sont de tisser des liens qui transforment le regard sur l’étranger, d’apprendre le vivre-ensemble qui fait grandir en humanité et, finalement, de changer la vie de tous les acteurs sur ce chemin.
Semi-autonomie
L’internat Don Bosco Ganshoren, depuis 2 ans, mène un projet de semi-autonomie pour des jeunes de 17 à 21 ans. Ce projet accueille des jeunes scolarisés en secondaire pour les soutenir dans leur scolarité, réaliser une transition vers les études supérieures ou le milieu du travail et retravailler les liens familiaux lorsque cela est nécessaire. Six places sont ouvertes au sein de ce projet pour de jeunes femmes migrantes. Ces dernières seront également suivies par le collectif Umoya, spécialisé dans le domaine de l’accompagnement psycho-social des jeunes en situation de migration.
Ces deux structures unissent ainsi leur force pour aider les jeunes : un logement, une réussite scolaire, un suivi psycho-social et une insertion dans une vie communautaire avec des jeunes Belges du même âge : des clés indispensables pour retrouver une sécurité et pour une inclusion réussie de ces jeunes, ici en Belgique.
Umoya = « l’esprit qui souffle »
Umoya, c’est « l’esprit qui souffle » en swahili, comme l’esprit qui plane sur les eaux à la création. Ce projet ouvre vers une création nouvelle, une genèse, celle de chaque jeune, qui par la création de relation retrouve une dignité, celle d’exister pour d’autres, celle d’avoir la possibilité de raconter son histoire.
Notre vocation de sœurs salésiennes est de soutenir « la femme et l’enfant » et nous avons trouvé ce même écho dans les paroles du président de la Fondation sœur Emmanuelle, Robert de Muelenaere. Un « clin Dieu » qui nous encourage à croire que ce projet pourra être un projet pilote que nous pourrons dupliquer par la suite dans d’autres maisons ! « Yalla » comme aimait le crier Sr Emmanuelle.
(1) Le nom a été changé
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